Escalade policière contre la protestation et dommages humains lors des réformes des retraites en 2010 et 2023

Publié le 18 juillet 2025

Publiés par la revue juridique Civitas Europa, les travaux menés par Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, et la doctorante Laural Miller, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales et de l’université Grenoble-Alpes, concluent à une « escalade de la violence » du côté des forces de l’ordre.

« Des débats animés ont lieu depuis presque vingt ans maintenant sur la nécessaire évolution de la police des foules, du « maintien de l’ordre », lors de protestations par définition susceptibles d’entraîner des comportements illégaux et perturbateurs. En Europe, aussi bien qu’aux États-Unis ou au Canada, des recommandations ont émergé pour se départir d’un mode d’action réactif et confrontationnel visant la dispersion, l’intimidation ou la retenue en masse (dans la rue ou dans des lieux fermés de détention) des manifestants, et évoluer vers un modèle davantage inspiré par la notion de désescalade du conflit. 

La gestion de l’ordre public tendrait à s’éloigner d’un modèle du maintien de l’ordre centré sur l’usage de la force vers un modèle visant à un meilleur équilibre entre les droits de perturber et la garantie de l’ordre. Mais il ne semble pas que ce soit le cas en France, où l’approche choisie a même été qualifiée de « politique du désordre » en raison de ses conséquences, ou de « police contre la rue ». 

Les pouvoirs publics français s’en défendent, arguant de l’existence de plus fréquentes mobilisations dans la rue et de la plus grande « violence » des manifestations. Nous allons tester ici plusieurs hypothèses : celle de la taille des manifestations, du clash avec des groupes échappant aux organisateurs des protestations, de la posture du gouvernement et enfin des tactiques policières de durcissement des actions des agents de maintien de l’ordre (interdictions de manifester, usage de nasses, augmentation des interpellations, envoi d’unités de choc [des unités spéciales pour entrer en collision avec les cortèges, aller à la confrontation physique] dotées d’armes à feu à létalité réduite)… » Et un article du Monde du 1er juillet 2025 : « L’idée d’une violence croissante de la rue à laquelle les policiers ne feraient que répondre est un leurre ». Interview de Sébastian Roché.

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